dimanche 25 juillet 2010

Après trois ans


Ayant poussé la porte étroite qui chancelle
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu'éclairait doucement le soleil du matin
Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.

Rien n'a changé. J'ai tout revu. L'humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin.
Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin.
Et le vieux tremble, sa plainte sempiternelle.

Les roses, comme avant, palpitent, comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent.
Chaque alouette qui va et vient m'est connue.

Même j'ai retrouvé, debout, la Velléda,
Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue
- Grêle, parmi l'odeur fade du réséda.

Paul Verlaine